Nathalie Talec au Mac/Val
Nathalie Talec
Cold White Cube
Coup de froid, Nathalie Talec a planté ses crampons à Vitry-sur-Seine pour une exposition personnelle qui fait souffler un vent d’aventure sur le Mac Val. Depuis le début des années 1980, l’artiste a choisi de faire de l’exploration le cœur de sa pratique artistique. Divaguant entre une réalité avérée et scientifique et une extrapolation fictive et insolite, elle écrit son œuvre sur une lisière.
Le froid, parce qu’il signe l’aventure et dessine des paysages, parce qu’il arrête les processus, parce qu’il sculpte, qu’il agresse et anesthésie… constitue un des nombreux axes de sa réflexion formelle. S’appuyant sur son expérience d’expédition dans le grand Nord, l’artiste répertorie, récupère, détourne, ou invente un vocabulaire plastique qui propose un voyage immédiat.
Comme pour maintenir un mystérieux état des choses, comme pour préserver une présence volatile, les deux modules qui abritent l’intégralité de l’exposition de Nathalie Talec sont entièrement recouverts de couvertures de survie. Ces deux blocs à l’allure minimale, dorés argentés, posés l’un en face de l’autre, marquent un display d’une efficacité élémentaire.
C’est d’abord par le son que le froid se fait ressentir. En même temps que défile, projetée sur un écran, une série d’images noir et blanc, une voix, monocorde ennuyée et captivante, récite trop fort un texte renseigné sur l’hibernation artificielle, les pathologies du froid, ses applications industrielles ou le verglas… La musique, monocorde, ennuyée et captivante, (signée Xavier Boussiron) qui s’accorde à cette litanie compose pendant un temps la bande-son de l’exposition et accompagne le visiteur.
Marquant une centralité, deux salles vides d’objet font contrepoids à l’élégance ostentatoire de quelques objets de strass (comme Crampons, une paire de crampons de glace entièrement recouverts de brillants) ou de néon (Kayak, une structure de kayak réalisée en néon). Exhalaison, donne à voir un espace vierge dont les murs noirs sont recouverts de gouttelettes d’eau fugitivement fixées. Émanant littéralement des cloisons, ces gouttes habillent les surfaces et dessinent un motif volatile. En face, comme en négatif, Encombrement thermique, propose l’expérience sensorielle de l’accumulation de chaleur. À travers ces deux pièces, c’est un espace vivant, animal qui se prête à l’expérimentation. C’est que Nathalie Talec se pense toujours en exploratrice, ses autoportraits en aventurière des pôles le confirment, et ses pièces s’envisagent alors comme des traversées. Parlant de sa pratique de l’art, elle reprend à son compte les mots de l’explorateur Knud Rasmussen qui écrivait dans un de ses compte-rendus : « Il n’y a qu’un seul but à notre progression : définir notre position. Nous traversons une terre inconnue et ignorons à tous moments ce que chaque nouveau regard doit nous révéler d’abîmes, mais notre allure reste toujours la même… » La métaphore est filée.
Nathalie Talec au Mac/Val, Vitry-sur-Seine, du 10 octobre 2008 au 25 janvier 2009.
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- Du même auteur : Les amas d'Hercule,
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