Entretien avec Colette Barbier
Colette Barbier est directrice de la Fondation d’entreprise Ricard pour l’art contemporain
Voici déjà quinze ans que le prix Fondation d’entreprise Ricard récompense, chaque année, pendant la semaine de la Fiac, un artiste considéré comme émergeant de la scène française. Les lauréats ne sont donc pas nécessairement de nationalité française mais sont fortement liés, d’une manière ou d’une autre, à l’Hexagone. Réunis chaque automne par un curateur invité, les artistes qui en forment la sélection sont exposés à la Fondation avant que leurs œuvres ne soient examinées par un jury composé d’une quinzaine de commissaires et d’une centaine de collectionneurs. Mais avec un budget annuel de plus d’un million d’euros, la Fondation Ricard œuvre également de bien d’autres manières à ce que Colette Barbier, sa directrice, qualifie d’« un soutien au quotidien à la jeune création en lien avec la France ». C’est à l’occasion du quinzième anniversaire du prix célébré cet été par une exposition rétrospective au Centre de la Vieille Charité à Marseille que nous nous entretenons avec elle.
Aude Launay : Comment l’idée de ce prix a-t-elle vu le jour ?
Colette Barbier : Nous avons mis le prix en place en 1999, peu de temps après la création de la Fondation. À l’époque il n’y avait pas, à ma connaissance, d’autre prix pour l’art contemporain en France. Le prix Duchamp est arrivé un an plus tard, en 2000, à l’initiative de l’ADIAF. À ce propos, cette année, deux des nominés à ce prix — Claire Fontaine et Raphaël Zarka — ont déjà fait partie de sélections pour le prix de la Fondation, que Raphaël Zarka a même remporté en 2008. Cette fin des années quatre-vingt-dix, c’était un moment où, en France, on parlait beaucoup d’une sorte de « scène artistique française » très dynamique à l’étranger mais dont nous n’avions pas toujours connaissance en France, on parlait de la French Touch en musique et on supposait qu’il se passait peut-être la même chose en art. Il me semblait donc intéressant d’explorer cela par le biais d’expositions. Il est important pour nous de montrer à un moment de l’année une assemblée d’artistes sélectionnés par un commissaire que j’invite parce que j’ai repéré qu’il était suffisamment curieux pour répondre à cette demande d’un regard sur les artistes de moins de quarante ans et souvent beaucoup plus jeunes. Le prix, c’est un peu la cerise sur le gâteau, si je puis dire. Je trouve aussi qu’au fil des années, on a de plus en plus de véritables expositions qui se dessinent dans ce cadre ; peut-être que de simples sélections on est passé à des regroupements d’artistes qui appartiennent plus à des familles. C’est en tout cas un exercice intéressant pour un curateur.
Mais le prix n’est pas une simple dotation financière pour l’artiste…
C.B : Non, absolument pas. Au début, la Fondation achetait à l’artiste une œuvre qui était ensuite présentée au Centre Pompidou pendant la Fiac puis elle la récupérait. Et, en 2001, on a décidé avec Alfred Pacquement que les œuvres des lauréats allaient être offertes au Centre Pompidou, qu’elles allaient intégrer ses collections avec l’assurance d’être montrées l’année de leur entrée pendant deux à trois mois dans l’accrochage des collections permanentes. Ça a été déterminant pour le prix et c’est ce qui lui a donné sa spécificité : l’occasion, pour un très jeune artiste, de se retrouver en vue dans un grand musée. La Fondation n’a pas vocation à créer une collection, il s’agit pour elle d’accompagner les artistes à travers des productions, des éditions, de leur donner une visibilité. Cette entrée dans les collections du musée national d’art moderne est le fruit d’une collaboration avec Emma Lavigne, qui y est conservatrice, et d’une discussion avec l’artiste, sa galerie s’il en a une et la Fondation. Ce qui laisse aussi le curateur complètement libre de son choix d’œuvres pour l’exposition, puisque ce n’est pas nécessairement celle qui y est présentée qui sera acquise et offerte par la Fondation.
La mixité du jury est aussi intéressante…
C.B : Oui. La composition du jury est remise à jour tous les ans : elle comprend des amis du Centre Pompidou, du Palais de Tokyo, du Musée d’art moderne, de la Maison Rouge, du Jeu de Paume, soit pour chaque association d’amis une vingtaine de collectionneurs avec un intérêt particulier pour la scène française. À cette centaine de collectionneurs s’ajoutent les curateurs des éditions précédentes du prix — c’était une idée de François Piron — soit aujourd’hui, 10 à 15% de curateurs pour une centaine de votants. C’est un prix démocratique : le commissaire est nommé, il choisit les artistes et le jury vient voter… Ce sont souvent des collectionneurs assez jeunes, ils se renseignent beaucoup sur le travail des artistes, ce qui influence aussi peut-être leurs futurs achats.
Au début, c’étaient presque exclusivement des galeries du Marais qui étaient concernées par le prix et, aujourd’hui, ce sont beaucoup plus des galeries de Belleville ; c’est intéressant de voir comment on se déplace naturellement avec ce qui se fait. Le prix ne vieillit pas car il est toujours au plus proche de la jeune création. L’on voit aussi que les professionnels ne font pas forcément les mêmes paris que les collectionneurs, même si, en 2012, il y avait un relatif consensus au sujet de Katinka Bock. On est parfois surpris, comme en 2009, avec la sélection de Judicaël Lavrador dans laquelle il y a avait notamment Oscar Tuazon, Clément Rodzielski, Mark Geffriaud, Étienne Chambaud… Le prix a été attribué à Ida Tursic et Wilfried Mille, qui n’étaient pas forcément aussi en vue à ce moment-là ; la peinture garde quand même un certain attrait pour le collectionneur. De même, dans l’exposition de Nicolas Bourriaud, on attendait assez logiquement que ce soit Cyprien Gaillard au vu de l’engouement qu’il suscitait, y compris à l’international, et ce fut Raphaël Zarka…
Lorsque l’on regarde l’ensemble des artistes sélectionnés sur ce prix, on peut être fier des choix, ce sont des artistes qui comptent aujourd’hui. Et Mathieu Mercier, présenté en 2000 par Robert Fleck, en a ensuite été le curateur sept ans plus tard (la même année que sa grande rétrospective au Musée d’art moderne de la ville de Paris, un hasard). Les artistes sont de bons commissaires, nous renouvellerons l’expérience ; ils laissent une grande place aux artistes qu’ils invitent, ils ont une approche différente. Aujourd’hui, le métier de commissaire est en vogue, mon rôle est de faire le bon choix, d’inviter celui qui respectera l’identité de la Fondation dans son engagement auprès des jeunes artistes de la scène française, celui qui se sera imprégné de ce qui se passe en France et sûrement pas celui qui sera le plus en vue. Je ne veux pas que l’on soit perçu comme un lieu à la mode, je veux qu’on se distingue des autres par des choix exigeants, qu’on surprenne… Je souhaite que la Fondation représente toutes les chapelles de l’art contemporain.
Hormis une implantation très forte sur la scène parisienne par des partenariats avec la Fiac lors de laquelle vous organisez Cinéphémère et YCI (Young Curators Invitational) ; avec Jeune Création que vous soutenez sur un programme de performances ; l’édition de l’agenda Galeries mode d’emploi et, bien sûr, avec tous les événements qui complètent le programme d’expositions de la Fondation, qu’il s’agisse de sorties de livres ou de revues, de conférences, vous avez aussi évidemment des liens très forts avec Marseille, où vous avez d’ailleurs choisi de célébrer les quinze ans du prix. Les Mécènes du Sud, Art-o-rama et même, non loin, « Châteaux secrets »… Pouvez-vous m’en dire plus à ce sujet ?
C.B : Marseille est le berceau de Ricard. C’est là que Paul Ricard, en 1932, a créé sa société et, aujourd’hui, le siège y est toujours installé. Quand nous avons appris que Marseille serait Capitale Européenne de la Culture, nous avons immédiatement réfléchi à notre participation à cette année historique et nous avons choisi d’y être de plusieurs façons, à l’image de la Fondation.
Tout d’abord, les quinze œuvres des lauréats du prix Fondation d’entreprise Ricard sont présentées, grâce aux prêts du Centre Pompidou, dans ce lieu historique qu’est la Vieille Charité : nous avons eu beaucoup de plaisir à voir réunies ces pièces acquises depuis 1999. De plus, de nombreux artistes ont fait le déplacement pour être à nos côtés le jour du vernissage et ça, c’est pour nous un très grand bonheur. Par ailleurs, la famille Ricard a accepté, avec beaucoup d’enthousiasme, le projet conduit par Florence Parot réunissant une quinzaine d’artistes sur un site exceptionnel, l’Ile des Embiez. En référence au cabanon du Corbusier que ce dernier dénommait son « château secret », les artistes ont été invités, en duos, à créer des cabanes, produisant un étrange ensemble de structures à mi-chemin entre le camping sauvage et le parc de sculptures.
Enfin, nous sommes fondateurs de Mécènes du Sud, une association qui réunit aujourd’hui plus de quarante entreprises issues du Grand Marseille et dont j’ai eu la chance de conduire le comité artistique dès sa création. Aujourd’hui, ce sont plus de quatre-vingt projets liés au territoire Marseille-Provence qui sont soutenus financièrement par cette association. En septembre 2013, pendant Art-o-rama, Mécènes du Sud présentera le coup de cœur des Mécènes, Moussa Sarr, jeune artiste représenté par la galerie Martine et Thibault de la Châtre, à travers une toute nouvelle installation vidéo.
Et, bien sûr, notre attachement à Marseille ne s’arrêtera pas avec l’année 2013 et nous continuerons d’avoir un regard attentif sur la scène artistique marseillaise avec laquelle nous continuerons de collaborer.
- « Les archipels réinventés (2) », du 28 juin au 22 septembre 2013, Centre de la Vieille Charité, Marseille, commissariat : Emma Lavigne, conservatrice au Centre Pompidou, MNAM-CCI.
- « Châteaux secrets », île des Embiez, du 5 juillet au 29 septembre 2013, commissariat : Florence Parot.
- « La vie matérielle », une proposition de Yann Chateigné pour le 15e Prix Fondation d’entreprise Ricard, à la Fondation, du 6 septembre au 2 novembre 2013, avec Stéphane Barbier-Bouvet, Jonathan Binet, Alex Cecchetti, Caroline Mesquita, Chloé Quenum, Lili Reynaud Dewar, Alexander Singh, Benjamin Valenza.
Colette Barbier in conversation with Aude Launay
It is almost fifteen years now that the annual RicardFoundation Prize has been awarded during the FIAC week to someone regarded as an emerging artist in the French art scene. The winners are not necessarily French, but they are in one way or another closely connected to France. Brought together every year by a guest curator, the artists forming the selection are exhibited at the Foundation before their works are examined by a jury made up of fifteen curators and a hundred collectors. But with an annual budget of more than €1 million, the Ricard Foundation also works in many other ways at what its director, Colette Barbier, calls “day-to-day support for young artists who have links with France”. We talked with her on the occasion of the 15th anniversary of the prize, celebrated this summer by a retrospective show at the Centre de la VieilleCharité in Marseille.
Aude Launay : How did the idea for this prize come about?
Colette Barbier : We set up the prize in 1999, shortly after the Foundation was created. At that time, to my knowledge, there were no other contemporary art prizes in France. The Duchamp prize came a year later, in 2000, brainchild of the Association for the International Diffusion of French Art [ADIAF]. In this respect, this year, two of the artists nominated for this prize—Claire Fontaine and RaphaëlZarka—have already been included in selections for the Foundation prize, which RaphaëlZarka in fact won in 2008. Those late 1990s where a moment when there was much talk in France about a sort of “French art scene” that was very dynamic abroad, but which we still didn’t know about in France. People talked about the “French Touch” in music and reckoned that the same thing was possibly going on in art. So it seemed to me interesting to explore this by way of exhibitions. It’s important for us, at a given moment in the year, to show a gathering of artists selected by a curator whom I invite because I’ve found out that he or she was sufficiently curious to meet this request with a particular way of looking at artists aged under forty, and often much younger. The prize is a bit like the cherry on the cake, if I can put it like that. I also find that, over the years, we have more and more real exhibitions that fit into this framework; perhaps from simple selections we’ve moved on to groupings of artists who tend to belong more to families. In any event, this is an interesting exercise for a curator.
But the prize isn’t just a financial allowance for the artist…
C.B : No, absolutely not. To begin with, the Foundation bought a work from the artist, and the work was then shown at the Centre Pompidou during the FIAC [International Contemporary Art Fair], after which the Foundation retrieved it. And in 2001, together with Alfred Pacquement— Director of the Centre Pompidou—we decided that the works of the prize winners would be offered to the Centre Pompidou, where they would be added to its collections, with the assurance that they would be put on view during that year for two or three months in the hanging of the permanent collections. That was something decisive for the prize, and it’s what has given it its specific character: a chance for a very young artist to find his work on view in a major museum. It’s not the brief of the Foundation to create a collection, its task is to work with artists through productions and publications, and give them visibility. Being included in the collections of the national museum of modern art is the outcome of a collaboration with Emma Lavigne, who is a curator there, and a discussion with the artist, his or her gallery, if they have one, and the Foundation. This also leaves the curator totally free in his/her choice of works for the exhibition, because it is not necessarily the work that is shown that will be acquired and offered by the Foundation.
The mixed nature of the jury is also interesting…
C.B : Yes. The composition of the jury is updated every year: it includes friends of the Centre Pompidou, the Palais de Tokyo, the Museum of Modern Art, the Maison Rouge, and the Jeu de Paume, otherwise put, for each association of friends some twenty collectors with a special interest in the French art scene. Added to this hundred or so collectors are the curators of previous prize exhibitions—this was François Piron’s idea—, which means, today, between 10% and 15% of curators for a hundred people casting votes. It’s a democratic prize: the curator is nominated, he or she chooses the artists, and the jury comes and votes… The collectors are often quite young, they find out a lot about the work of the artists in question, and this also possibly influences their future purchases.
To begin with, it was almost exclusively galleries in the Marais which were concerned by the prize, but today there are many more Belleville galleries; it’s interesting to see how we naturally move with creative places. The prize isn’t getting any older because it’s always as close as possible to young artists and their work. We can also see that professional people in the art world do not necessarily make the same wagers as collectors, even if, in 2012, there was a relative consensus about Katinka Bock. We are sometimes surprised—as in 2009, with the selection ofJudicaël Lavrador in which notable figures were Oscar Tuazon, Clément Rodzielski, Mark Geffriaud, Étienne Chambaud… The prize was awarded to Ida Tursic and Wilfried Mille, who were not necessarily also on view at that particular moment; all the same, painting still has a certain attraction for collectors. Likewise, in the exhibition curated by Nicolas Bourriaud, people quite logically expected that the winner would be Cyprien Gaillard, given the keen interest he was stirring up, internationally as well, but the prize went to Raphaël Zarka…
When you look at all the artists selected for this prize, we can be proud of the choices made—these are artists who matter today. And Mathieu Mercier, who was presented in 2000 by Robert Fleck, was then the curator in his turn seven years later (the same year as his major retrospective at the City of Paris Museum of Modern Art, quite by chance). Artists make good curators, and we’ll be repeating that experience; they give lots of room to the artists they invite, and they have a different approach. Nowadays the profession of curator is in vogue, and my role is to make the right choice and invite someone who’ll respect the Foundation’s identity in its commitment to young artists who are part of the French art scene, and certainly not someone who’s got the highest profile. I don’t want us to be seen as a fashionable place, I want us to be different from others in terms of our demanding choices, and I want us to surprise people… I want the Foundation to represent all the coteries of contemporary art.
Apart from being very strongly established in the Parisian scene through partnerships with the FIAC, during which you organise Cinéphémère and YCI (Young Curators Invitational), and with Jeune Création, which you support with a programme of performances, and publishing the Galeries mode d’emploi agenda, and, needless to say, all the events which complement the Foundation’s exhibition programme, be it book and magazine launches, or lectures, you also obviously have very strong links with Marseille, where you’ve incidentally decided to celebrate the 15th anniversary of the prize. The Mécènes du Sud, Art-O-Rama and even, not far away, “Châteaux secrets”… Could you tell me a bit more about this?
C.B : Marseille is the cradle of Ricard. It was there, in 1932, that Paul Ricard created his company, and, today, the headquarters is still in the city. When we learnt that Marseille was going to be the European Capital of Culture, we immediately started thinking about our participation in this historic year, and we decided to be present there in several ways, just like the image of the Foundation.
First and foremost, the fifteen works of the Ricard Foundation Prize winners are being shown, thanks to loans from the Centre Pompidou, in that historic place known as the VieilleCharité. We were really pleased to see all those pieces acquired since 1999 brought together. In addition, many artists travelled to Marseille to be with us on the opening day, and that was something we really appreciated. Furthermore, with a great deal of enthusiasm, the Ricard family accepted the project headed by Florence Parot bringing together fifteen artists in an outstanding site, Embiez Island. As a reference to Le Corbusier’s cabin, which the architect called his “secret castle”, the artists were invited, two by two, to create cabins, producing a strange set of structures halfway between an unauthorized campsite and a sculpture park.
Lastly, we are founders of Mécènes du Sud, an association which today encompasses more than forty businesses located in Greater Marseille, whose artistic committee I have had the good fortune to head since its creation. Nowadays there are more than 80 projects associated with the Marseille-Provence region that are financially backed by this association. In September 2013, during Art-O-Rama, Mécènes du Sudwill be presenting their favourite, MoussaSarr, a young artist represented by the Martine and Thibault de la Châtre gallery, with a totally new video installation.
And, needless to add, our attachment to Marseille won’t come to a halt with the year 2013. We’ll carry on keeping a close eye on the Marseille art scene, with which we’ll continue working.
- “Les archipels réinventés (2)”, 28.06_22.09.2013, Centre de la Vieille Charité, Marseille, curated by Emma Lavigne, curator at the Centre Pompidou, MNAM-CCI.
- “Châteaux secrets”, Embiez Island, 5.07_29.09.2013, curated by Florence Parot.
- “La vie matérielle”, a proposition by Yann Chateigné for the 15e Ricard Foundation Prize, at the Foundation, 6.09_2.11.2013, with Stéphane Barbier-Bouvet, Jonathan Binet, Alex Cecchetti, Caroline Mesquita, Chloé Quenum, Lili Reynaud Dewar, Alexander Singh, and Benjamin Valenza.
- Partage : ,
- Du même auteur : Paolo Cirio, RYBN, Sylvain Darrifourcq, Computer Grrrls, Franz Wanner,
articles liés
Interview de Laura Gozlan
par Suzanne Vallejo-Gomez
Interview de Gregory Lang pour Territoires Hétérotopiques
par Patrice Joly
Geert Lovink : « Pas une seule génération ne s’est élevée contre Zuckerberg »
par Ingrid Luquet-Gad