Florence Derieux

par Aude Launay

Florence Derieux est directrice du Frac Champagne-Ardenne

Alors que nombre d’institutions françaises se félicitent ces temps derniers de leur trentaine, il nous a semblé intéressant non pas de revenir sur le strict fonctionnement des Frac qui a déjà été amplement explicité cette année dans les différents supports de communication puis dans la presse, mais de faire ressortir, au travers du cas concret de l’un de ces établissements et de l’expérience personnelle de l’une de ses dirigeantes, les effets de leur contribution au dynamisme de la scène artistique en région comme à l’international.

Aude Launay : Quelle a été votre première exposition en tant que curatrice au Frac Champagne-Ardenne et que souhaitiez-vous affirmer par ce choix ?

Florence Derieux : J’ai organisé une exposition à partir de la collection. C’était une décision toute simple, mais qui découlait d’une réflexion à la fois pragmatique, programmatique et politique. Pragmatique, parce qu’en prenant mes fonctions de directrice du Frac, je n’avais que très peu de temps à consacrer à la conception et à la réalisation de cette première exposition et que celle-ci devait pourtant démontrer et annoncer un maximum de choses.
Pour moi qui ai surtout travaillé dans des musées, la collection est le cœur de l’institution. Les œuvres appartiennent à la population, elles nous appartiennent à tous. Je voulais que cette exposition permette de rappeler cette évidence et, en créant une sorte de rituel collectif autour de ce patrimoine commun, mon intention était d’écrire l’histoire de cette collection et donc celle de cette institution. Je mettais en lumière le travail colossal de mes prédécesseurs de manière à ce qu’il soit, en quelque sorte, entériné une fois pour toutes. J’ai développé cette logique pour ma deuxième exposition en invitant Laurent Montaron, exposé et acheté par les deux directeurs qui m’ont précédée, marquant ainsi dix ans de soutien de l’artiste par l’institution. En amenant à la reconnaissance collective de cette histoire et de ce patrimoine, à la fois par le public, les partenaires et les politiques, je tentais en réalité de constituer une base solide à partir de laquelle initier mon propre projet. J’ai appelé l’exposition « La fête est permanente / The Eternal Network » en hommage à Robert Filliou, l’un des artistes français les plus importants dans l’histoire de l’art contemporain et l’un des artistes les mieux représentés dans la collection du Frac Champagne-Ardenne. Et puis, pour la petite histoire, parce que l’art et la vie sont effectivement inséparables, nous avons des origines communes dans le Gard…
« La fête est permanente » est devenu un slogan pour définir le programme artistique à venir. Nous l’avons repris plusieurs fois par la suite. Je venais de décider de modifier le nom même de l’institution, que j’ai débarrassé de la mention « Le Collège » qui en faisait un nom à rallonge et auquel je ne pouvais pas m’identifier, pour qu’il sonne finalement presque comme une marque : Frac Champagne-Ardenne. J’étais déjà en train de chercher les graphistes qui pourraient prendre la suite de M/M, les concepteurs de l’identité visuelle de l’institution depuis 1991. Un nom, une identité, un slogan… ça me semblait être un bon plan de communication. J’ai toujours besoin de trouver des outils communs ou qui, du moins, permettent de communiquer le plus rapidement et le plus efficacement possible avec le plus grand nombre. Ce sont des stratégies d’appropriation que les artistes ont largement utilisées, et qui sont des options classiques en Angleterre par exemple.
Pour cette première exposition, j’ai sélectionné des œuvres qui illustraient les projets artistiques des quatre directeurs qui m’ont précédée : « L’art et la vie » pour Nathalie Ergino, « L’art dans sa relation à la musique et au son » pour François Quintin, etc. Avec Raymond Hains, par exemple, j’évoquais les principes fondateurs que Catherine Bompuis avait établis : le Frac est une collection et non pas un fonds et il produit des œuvres et des expositions avec des artistes de renommée internationale qui sont invités à travailler en région. Hains est un artiste que presque tous les directeurs ont exposé ou acheté ; il fait le lien entre eux et crée une continuité dans l’histoire de l’institution. Nathalie Ergino et François Quintin étaient tous les deux présents au vernissage et c’est ce qui a contribué à donner à cette exposition une dimension historique.
Les membres du nouveau Comité technique d’achat, que je venais tout juste de constituer, étaient également tous présents. Dès le lendemain matin, nous étions réunis au sein même de l’exposition que j’ai présentée comme une introduction à mon projet artistique, tant pour les expositions que pour les acquisitions. J’avais donc aussi choisi les œuvres en fonction de mes propres intérêts artistiques et de ce que j’envisageais de faire avec et pour le Frac dans les années à venir.

Chris Burden, The Spirit of the Grape (L'esprit du vin), 1994. Vue de l’exposition / View of the exhibition, « C. L. B., The Grape and Me and the Holy Trinity », Frac Champagne-Ardenne, 1994-1995.

Chris Burden, The Spirit of the Grape (L’esprit du vin), 1994. Vue de l’exposition / View of the exhibition, « C. L. B., The Grape and Me and the Holy Trinity », Frac Champagne-Ardenne, 1994-1995.

Vous avez ensuite signé une programmation dans un premier temps très tournée vers la scène française (Cyprien Gaillard, Boris Achour, Marine Hugonnier, Lili Reynaud-Dewar, Latifa Echakhch…) puis, presque au contraire, très ouverte sur la scène internationale (Dexter Dalwood, Anna Blessmann et Peter Saville, Tom Burr, Nick Mauss, Ciprian Mureşan, Emily Wardill, Sterling Ruby, Plamen Dejanoff, Francesco Arena…).

F.D : Il n’y a pas eu de rupture ; simplement, dans un premier temps, j’ai effectivement choisi de n’exposer que des artistes français qui, selon moi, méritaient de bénéficier de plus de visibilité. Cyprien Gaillard était alors invité par des institutions prestigieuses dans le monde entier, mais pas en France ; même chose pour Marine Hugonnier, qui avait en plus participé à la Biennale de Venise sans jamais avoir eu d’exposition personnelle en France. Lorsque je l’ai invité, c’est Boris Achour qui m’a fait remarquer que son exposition au Frac serait sa première exposition personnelle dans une institution… J’avais déjà beaucoup travaillé avec Lili Reynaud-Dewar et avec Latifa Echakhch ; les inviter me permettait de développer et d’approfondir encore davantage ces collaborations. Par la suite, j’ai travaillé avec Sylvie Auvray, Julien Carreyn, Clément Rodzielski et, très récemment, avec Émilie Pitoiset. J’ai également invité Louise Hervé et Chloé Maillet à réaliser leur toute première exposition institutionnelle ; j’en ai confié le commissariat au chargé des expositions et des publications, Antoine Marchand, comme pour l’exposition monographique de Thomas Dupouy.
Par la suite, j’ai bien sûr ouvert la programmation au reste du monde, mais en réalité avec un focus très net sur l’Europe. J’ai également tenté de l’ouvrir à d’autres champs de la création, notamment en présentant des œuvres de Apichatpong Weerasethakul, Eugene van Lamsweerde, Inez van Lamsweerde et Vinoodh Matadin, ou encore en invitant Nicolas Trembley à exposer sa collection de vases. Actuellement, nous travaillons beaucoup avec le studio de design graphique Gavillet & Rust, qui a créé notre identité visuelle en 2008 et a conçu notre exposition pour la grande manifestation de célébration des trente ans des Frac actuellement présentée aux Abattoirs de Toulouse. Pour ce projet, les designers ont porté un regard inédit sur la collection qu’ils ont envisagée à travers le prisme de la notion d’image, de sa reproduction et de sa diffusion, et créé des affiches réalisées en sérigraphie. Le graphisme a une importance particulière pour le Frac depuis sa collaboration avec M/M entre 1994 et 2007 et Gavillet & Rust depuis 2008 et, en Champagne-Ardenne, du fait de l’existence du festival international de l’affiche et du graphisme de Chaumont.

Ce format de monographies présentées au sein du Frac répond, en écho avec les résidences proposées dans des établissements du territoire régional, à la maxime du Frac Champagne-Ardenne depuis sa création qui est d’inviter « des artistes de renommée internationale à séjourner et à créer en région ». L’on évoque souvent la question des relations complexes d’un public pas forcément averti avec la création mais moins souvent celle d’un artiste avec un territoire qu’il n’a pas forcément choisi d’explorer de son propre chef mais qu’il découvre à l’occasion d’une invitation. Comment se passent ces rencontres et est-il aisé de les rendre fructueuses ?

F.D : Tout est toujours question d’affinités et d’émulation. Nous imaginons et créons les outils qui vont nous permettre de développer avec des artistes toutes sortes de projets, en fonction de leurs besoins et de leurs envies, du contexte et des possibilités offertes, sans jamais céder sur leur qualité, leur pertinence et leur portée. Les conférences, les performances, les résidences, les expositions que nous organisons permettent de développer différents types de collaborations avec les artistes que nous invitons, mais aussi avec le public et nos partenaires. A priori, l’idée d’inviter un(e) artiste renommé(e) en résidence dans un lycée technologique de la banlieue de Reims ou dans un quartier défavorisé de Saint-Dizier peut sembler irréaliste. Et puis Ann Craven réalise 16 000 mistakes avec des étudiants de la section « Industries graphiques » du Lycée Val de Murigny et le projet est non seulement exposé à Londres, Milan ou Miami mais entre dans la collection du Frac, tandis que Valérie Jouve développe avec les habitants du quartier du Vert-Bois une partie importante de l’un de ses projets les plus complexes et ambitieux.
Avec Nicola Martini, un jeune artiste italien avec lequel nous avons développé une collaboration pendant près d’un an, les choses se sont déroulées de manière très particulière. Je l’avais invité à réaliser une performance dans le cadre du festival Reims, Scènes d’Europe, et puis je lui ai proposé de revenir à Reims en résidence. Il y a vécu quatre mois pendant lesquels il a énormément travaillé. Il était impossible de ne pas lui offrir la possibilité de présenter ces œuvres inédites au travers d’une exposition. Pour l’accompagner, nous avons publié son premier catalogue monographique et nous avons acquis l’une de ces œuvres pour la collection. Pour finir, Nicola a fait don au Frac de l’œuvre qu’il avait créée pendant sa performance. La boucle était pour ainsi dire bouclée…
Pendant toute cette période, de très nombreuses interactions, relations, collaborations ont été nouées, et c’est ainsi que la collection reflète cette histoire si particulière.

Emilie Pitoiset, Vue de son exposition / View of her solo exhibition, « Les actions silencieuses », Frac Champagne-Ardenne, 2013.

Emilie Pitoiset, Vue de son exposition / View of her solo exhibition, « Les actions silencieuses », Frac Champagne-Ardenne, 2013.

Il y a, vous le montriez plus haut, de multiples manières d’enrichir une collection. Pouvez-vous revenir sur votre quête de l’œuvre « disparue » de Chris Burden ?

F.D : La collaboration avec Chris Burden, au milieu des années quatre-vingt-dix, est certainement l’une des aventures les plus emblématiques vécues par le Frac. Nathalie Ergino, qui le dirigeait alors, lui a fait découvrir les lieux historiques de Reims et les paysages de la Champagne-Ardenne et c’est ce qui l’a motivé à créer deux installations monumentales dans le cadre de son exposition, directement liées à l’histoire de cette région. L’une d’entre elles, La Tour des Trois Museaux, a été acquise par le Frac tandis que l’autre, une immense maquette des paysages de Champagne intitulée L’esprit du vin, était stockée chez des particuliers. C’est François Quintin, mon prédécesseur, qui m’en a informée peu de temps après ma nomination. Quelques mois plus tard, j’ai pris des vacances et je suis allée en Californie rencontrer Chris Burden qui pensait que son œuvre avait été détruite, et je me suis mise à sa recherche dès mon retour. Nous étions convenus que si je parvenais à retrouver l’œuvre, à lui trouver un point de chute et à réunir l’argent nécessaire à sa restauration, il en ferait don au Frac. C’est ce qu’il a fait l’an dernier lorsque le groupe Vranken-Pommery-Monopole m’a confirmé sa volonté de prendre en charge l’œuvre et le coût de sa restauration.

Vous évoquiez les trente ans des Frac par le biais de l’exposition aux Abattoirs de Toulouse mais « Les Pléiades », ce sont aussi des projets menés dans chaque Frac tout au long de l’année : vous avez choisi, de votre côté, de produire sur deux ans trente manifestations en collaboration avec trente lieux partenaires… Une manière de cristalliser la mission de diffusion de ce type d’institution tout en palliant l’absence de votre « maison mère » pendant la durée de sa rénovation.

F.D : Cette importante opération de mécénat est initiée au moment de la célébration des trente ans du Frac Champagne-Ardenne. Dès qu’elle a appris que nos espaces d’exposition seraient fermés pendant plus d’un an, Nathalie Vranken, qui est administratrice du Frac depuis 2007, m’a invitée en tant que commissaire de l’« Expérience Pommery #11 » afin que je puisse concevoir une exposition marquant cet anniversaire dans les espaces extraordinaires de cette prestigieuse maison de champagne, à Reims. En parallèle, j’ai conçu une grande manifestation sur tout le territoire régional, qui se déroule du 1er janvier 2012 au 31 décembre 2014, pour marquer à la fois la création des Frac et du Frac. Elle a donné lieu à trente expositions dans trente lieux et avec trente partenaires, c’est-à-dire presqu’une exposition par mois pendant trois ans. Enfin, dans le cadre des « Pléiades », nous avons réalisé une exposition qui se décline aussi dans l’espace public, de Toulouse à Troyes en passant par Reims, Lausanne, etc…


Florence Derieux in conversation with Aude Launay

Florence Derieux, director of the FRAC Champagne-Ardenne

While a number of French institutions have recently been enjoying their 30th anniversary, we thought it might be interesting not to go back over the strict way in which the FRACs function—something that has been amply explained this year in a variety of communications media, then in the press—but rather to highlight the effects of their contribution to the dynamic art scene both in France’s regions and internationally, by way of the concrete example of one of these establishments and the personal experience of one of its directors.

Aude Launay : What was your first exhibition as director of the FRAC Champagne-Ardenne, and what did you want to put across through that choice?

Florence Derieux : I organized an exhibition based on the collection. It was a very simple decision, but it stemmed from a line of thinking that was at once pragmatic, programmatic, and political. Pragmatic because when I took up my job as FRAC director, I had very little time to devote to the design and production of that first exhibition, and yet it had to demonstrate and announce a lot of things.
For me, who have worked above all in museums, the collection is the heart of the institution. The works belong to the people, they belong to all of us. I wanted that exhibition to help to remind us of that obvious fact and, by creating a kind of collective ritual around this shared heritage, my intention was to write the history of the collection and thus of this institution. I highlighted the colossal work done by my predecessors in such a way that it would, in a way, be recorded once and for all. I developed this logic for my second exhibition by inviting Laurent Montaron, whose works were exhibited and bought by the two directors who came before me, thus marking ten years of support for that artist by the institution. By bringing this history and this heritage to collective awareness, by public, partners and politicians alike, I was actually trying to make a solid base from which to start my own project. I called the exhibition: “La fête est permanente/The Eternal Network” as a tribute to Robert Filliou, one of the most important French artists in the history of contemporary art, and one of those best represented in the FRAC Champagne-Ardenne collection. And then—and this is just a detail, because art and life are effectively inseparable, we have shared origins in the Gard…
“Le fête est permanente” became a slogan for defining the artistic programme to come. We used it several times subsequently. I’d just decided to change the actual name of the institution, which I relieved of the words “Le Collège” which made the name a long one and which I was unable to identify with, so that in the end it could almost sound like a brand: FRAC Champagne-Ardenne. I was already looking for graphic designers to take the place of M/M, the designers of the institution’s visual identity since 1991. A name, an identity, a slogan… that seemed to me like a sound communication plan. I always need to find ordinary tools, or tools which, at the very least, make it possible to communicate as fast and efficiently as possible with as many people as possible. These are appropriation strategies that artists have made wide use of, and which are classic options in England, for example.
For that first show I selected works that illustrated the art projects of the four previous directors: “Art and Life” for Nathalie Ergino, “Art in its Relation to Music and Sound” for François Quintin, and so on. With Raymond Hains, for example, I referred to the ground-breaking principles which Catherine Bompuis had established: the FRAC is a collection and not a fund, and it produces works and exhibitions with internationally renowned artists who are invited to work in the region. Hains is an artist who nearly all the directors have exhibited and bought; he makes the link between them and creates a continuity in the institution’s history. Nathalie Ergino and François Quintin were both there at the opening and that’s what helped to lend that show an historical dimension.
The members of the new technical acquisitions committee, which I had only just set up, were also all there. On the following morning, we met actually in the exhibition, which I presented as an introduction to my art project, for exhibitions and acquisitions alike. So I’d chosen works based on my own artistic interests, and on what I imagined doing with and for the FRAC in the years to come.

You then signed an initial programme that was very oriented towards the French scene (Cyprien Gaillard, Boris Achour, Marine Hugonnier, Lili Reynaud-Dewar, Latifa Echakhch…), then almost the opposite, very open to the international scene (Dexter Dalwood, Anna Blessmann et Peter Saville, Tom Burr, Nick Mauss, Ciprian Mureşan, Emily Wardill, Sterling Ruby, Plamen Dejanoff, Francesco Arena…).

F.D : There was no break ; it was simply that, in a first phase, I effectively decided to exhibit just French artists whom I thought merited having more visibility. Cyprien Gaillard was then being invited by prestigious institutions all over the world, but not in France; same thing for Marine Hugonnier, who had also taken part in the Venice Biennale without having had a solo show in France. When I invited him, it was Boris Achour who pointed out to me that his exhibition at the FRAC would be his first solo show in an institution… I’d already worked a lot with Lili Reynaud-Dewar and with Latifa Echakhch; inviting them enabled me to develop and deepen those collaborative projects even more. Then I worked with Sylvie Auvray, Julien Carreyn, Clément Rodzielski and, very recently, with Émilie Pioiset. I also invited Louise Hervé and Chloé Millet to put on their very first institutional show; I gave Antoine Marchand, who’s in charge of exhibitions and publications, the job of curating the show, as well as Thomas Dupouy’s one-person exhibition.
Subsequently, and needless to say, I’ve opened the programme up to the rest of the world, but in reality with a very clear focus on Europe. I’ve also tried to open it up to other areas of creation, in particular by showing works by Apichatpong Weerasethakul, Eugene van Lamsweerde, Inez van Lamsweerde and Vinoodh Matadin, or again by inviting Nicolas Trembley to show his collection of vases. Right now we’re working a lot with the Gavillet & Rust graphic design studio, which created our visual identity in 2008 and designed our exhibition for the great celebration of the FRACs’ 30th anniversary, currently at Les Abattoirs in Toulouse. For that project the designers cast a new eye over the collection which they saw through the prism of the idea of image, its reproduction and its diffusion, and they created silkscreened posters. Graphic design has been important for the FRAC since its collaboration with M/M between 1994 and 2007, and with Gavillet & Rust since 2008, and it is in Champagne-Ardenne, in general, because of the existence of the Chaumont international festival of posters and graphic design.

Tom Burr, Deep Purple, 2000. Bois, acier, peinture / Wood, steel, paint, 250 × 2500 × 44 cm. Collection Frac Champagne-Ardenne.

Tom Burr, Deep Purple, 2000. Bois, acier, peinture / Wood, steel, paint, 250 × 2500 × 44 cm. Collection Frac Champagne-Ardenne.

This format of solo shows presented at the FRAC responds to the FRAC Champagne-Ardenne’s maxim since its creation which is to invite “internationally renowned artists to stay and create in the region”, echoing the residencies offered in regional establishments. People often mention the issue of the complex relations with a public that is not necessarily informed about art, but less often the relation between an artist and the region which he or she has not necessarily chosen to explore on his/her own account, but which he or she discovers as the result of an invitation. How are these encounters and is it easy to make them fruitful?

F.D : Everything is always a matter of affinities and emulation. We imagine and we create the tools which will enable us to develop all sorts of projects with artists, based on their requirements and what they want, and also based on the context and the possibilities on offer, without ever giving way in terms of quality, relevance and scope. The lectures, performances, residencies and exhibitions that we organize help to develop different types of collaborations with the artists we invite, but also with the public and our partners. On the face of it, the idea of inviting a renowned artist-in-residence to a technological high school in the suburbs of Rheims, or to an underprivileged neighbourhood of Saint-Dizier may seem unrealistic. And then Ann Craven produced 16,000 Mistakes with students in the “Graphic Industries” section of the Lycée Val de Murigny and the project was not only shown in London, Milan an d Miami, but also joined the FRAC’s collection, while Valérie Jouve developed a major part of her most complex and ambitious projects with the residents of the Vert-Bois neighbourhood.
With Nicola Martini, a young Italian artist with whom we’ve developed a collaboration for almost a year, things happened in a very particular way. I’d invited him to put on a performance as part of the Rheims, Scènes d’Europe Festival, and then I suggested he come back to Rheims with a residency. He lived there for four months during which he did a great deal of work. It was impossible not to offer him a chance to show these new works in the form of an exhibition. To help him, we published his first monographic catalogue and we bought one of those works for the collection. In the end, Nicola gave the FRAC the work he’d produced during his performance. So things came full circle, so to speak…
Throughout that whole period, there were numerous interactions, relations and collaborations, and this is how the collection reflects this very specific history.

As you showed earlier, there are many different ways of enriching a collection. Could you go back over your search for Chris Burden’s “vanished” work?

F.D : The collaboration with Chris Burden, in the mid-1990s, was certainly one of the FRAC’s most emblematic adventures. Nathalie Ergino, was then the director, showed him the historic places of Rheims and the landscapes of Champagne-Ardenne, and this is what motivated him to create two monumental installations as part of his exhibition, directly linked to the history of this region. One of them, La Tour des trois Museaux, was acquired by the FRAC, while the other, an immense model of Champagne landscapes titled L’Esprit du Vin, was stored with some local people. It was my predecessor François Quintin, who told me about all that shortly after my appointment. A few months later, I took a holiday and went to California to meet Chris Burden, who thought his work had been destroyed, and I started looking for it as soon as I got back to France. We’d agreed that if I managed to find the work, find a place for it and get the money together needed for its restoration, he would make a gift of it to the FRAC. This is what he did last year when the Vranken-Pommery-Monopole group confirmed its desire to take the work under their wing, as well as the restoration costs.

Nicola Martini Untitled, 2011. Don de l'artiste au / Offered by the artist to the Frac Champagne-Ardenne en / in 2012.

Nicola Martini Untitled, 2011. Don de l’artiste au / Offered by the artist to the Frac Champagne-Ardenne en / in 2012.

You were talking about the FRACs’ 30th anniversary by way of the exhibition at Les Abattoirs in Toulouse, but “Les Pléiades” is also projects undertaken by each FRAC throughout the year. For your part, you’ve chosen to produce over two years thirty events in association with thirty partner venues… A way of crystallizing the brief of this type of institution to diffuse art, while making up for the absence of your building throughout its renovation.

F.D : This major patronage operation started with the celebration of the FRAC Champagne-Ardenne’s 30th anniversary. As soon as she learnt that our exhibition areas would be closed for more than a year, Nathalie Vranken, the FRAC’s administrator since 2007, invited me to be the curator of the “Expérience Pommery #11”, so that I could come up with an exhibition marking this anniversary in the extraordinary spaces of this prestigious Champagne company, in Rheims. In tandem, I devised a major event throughout the region, lasting from 1 January 2012 to 31 December 2014, to mark the creation of both the FRACs and the FRAC. This event encompasses thirty exhibitions in thirty venues, and with thirty partners, which means almost one exhibition a month for three years. Lastly, as part of the “Pléiades”, we have put on an exhibition which is also held in the public place, from Toulouse to Troyes by way of Rheims, Lausanne, and so on.