Le best of d’Alexandrine Dhainaut
1 – Pierre Huyghe/Centre Pompidou
Transformer un temple en un écosystème grouillant. Tel est le projet brillant de Pierre Huyghe, de loin le plus remarquable de cette année. L’exposition dans l’espace 315 perturbe les multiples recoins, les nombreux stimuli de sons, de couleurs et de lumière, mais surtout par l’intégration d’éléments vivants (araignées de mer, abeilles butineuses de pierre, patineuse sur glace anthracite, figurants à têtes d’animaux, lévrier à patte fuchsia), véritables électrons libres qui charrient leur lot d’imprévus et d’envolées surréalistes.
2 – Sigmar Polke/Musée de Grenoble
On savait vaguement que Sigmar Polke était important, au regard des collections permanentes internationales qui le présentent à travers le monde. Mais le vague s’est définitivement transformé en évidence avec cette rétrospective à la beauté ténébreuse, retraçant les trois dernières décennies hyper productives du peintre allemand.
3 – Les Papesses/Collection Lambert et Palais de Papes
Camille Claudel, Louise Bourgeois, Kiki Smith, Jana Sterbak et Berlinde de Bruyckere, un casting quasi parfait de « Papesses » réuni à la Collection Lambert et au Palais des Papes – pied de nez à l’Histoire du lieu, qui avait fait des femmes des indésirables. Leurs sculptures, intime et puissante, exprimant tour à tour la beauté du corps féminin, ses tourments, ses tensions, sa violence, se sont répondues dans un dialogue trash et bouleversant.
4 – Koenraad Dedobbeleer/Workmanship on Certainty/Credac
C’est une sculpture qui ne paie pas de mine et pourtant, celle de Koenraad Dedobbeleer marque durablement les esprits. Sans doute par la grande simplicité avec laquelle il aborde le médium. Ses interrogations formelles sur les rapports matériaux/poids/volume/surface, produisent des œuvres minimalistes et élégantes, suspendues ou en équilibre sur le sol, à la fonctionnalité trouble. Au Credac, elles jouaient malicieusement avec l’espace d’exposition (volume des pièces, exposition à la lumière, imperfection du sol et recoins, jusqu’au jardin du centre) dans un accrochage qui frisait la perfection.
5 – Philippe Parreno/Anywhere, Anywhere, Out of the world/Palais de Tokyo
Bon dernier de ce top 5 complètement partial, Philippe Parreno a pourtant réalisé une exposition de taille, incontournable en cette fin d’année, relevant largement le défi de remplir à lui seul le paquebot Palais de Tokyo. Et finalement avec peu d’œuvres, qui brillent (ou clignotent) par la « présence de l’absence », à coups de pianos ou crayon mécaniques, de portes coulissantes automatiques, et par leur inclination à la dérobade, comme cet écran qui s’efface soudainement devant une montagne de sel, ces climax audiovisuels vers la révélation d’un hors-cadre jamais atteints, ou encore ces images sur supports fluorescents à la durée de visibilité volontairement limitée… Autant de pièces qui ont de quoi séduire en jouant sur l’effet de surprise, une forme de hantise, et par là déjouent nos attentes. Alors pourquoi diable N°5 ? Par péché d’orgueil. Parce qu’un peu trop souvent dans l’effet justement, le spectaculaire, la débauche de moyens. Et les jolies gambettes de Zidane sur multi-écrans n’y pourront rien changer…
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- Du même auteur : Edith Dekyndt, Prix Maif : Nicolas Milhé, Prix Ricard : Camille Blatrix, Edith Dekyndt, Slow Stories, à la BF15,
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