Raphaël Zarka au Grand Café

par Aude Launay

Poursuivant son archéologie personnelle faite de slalom entre des formes collectionnées et réinterprétées, Raphaël Zarka présente actuellement au Grand Café de Saint Nazaire un ensemble de pièces récentes intitulé « Le Tombeau d’Archimède ». Tombeau à prendre certainement au sens poétique tant ici l’hommage au mathématicien sicilien est appuyé. Cette pratique littéraire très en vogue à la Renaissance et renouvelée par Mallarmé quelques siècles plus tard permet de signaler la grandeur d’un être, souvent défunt, et d’ainsi éviter que son nom ne soit oublié. Tout comme son pendant architectural qui offre une certaine persistance matérielle à l’être humain, le tombeau est un écrit qui dote celui qu’il honore d’une possible survivance.

Procédant de même dans son étude de la résurgence des formes géométriques dans des domaines très différents tels que la peinture du quattrocento, les éléments de béton qui jalonnent parfois discrètement nos paysages : brise-lames, pipelines, etc. l’architecture contemporaine ou encore la sculpture moderne, Zarka, de retour d’un an passé à la Villa Médicis, propose un catalogue de variations autour de ces formes fondamentales. Prenant notamment pour base une clé de châssis aperçue dans La Mélancolie de Dürer, il en assemble des reproductions comme autant d’éléments combinatoires en une série de pièces monumentales en chêne massif qui composent un lexique de références à l’histoire de la sculpture propre à l’artiste. Plus loin, l’incroyable reconstitution d’une cheminée en briques du xvie siècle se dresse sous le nom de Cénotaphe d’Archimède, imprégnant de ses courbes baroques le travail d’un artiste jusqu’ici plutôt tourné vers la rigidité. Une fois encore, il s’agit de redonner forme à un souvenir, celui du géomètre dont le tombeau fut rendu célèbre par Cicéron et de fixer dans la matière une idée, celle de la vis sans fin qu’il avait créée et dont le principe est encore utilisé aujourd’hui.

Raphaël Zarka Les prismatiques, 2011 Série de six sculptures, chêne Dimensions variables Production le Grand Café Courtesy galerie Michel Rein, Paris Crédit : Marc Domage

 

 

 

 


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