Raphaël Zarka à Chelles

par Etienne Bernard

Raphaël Zarka à Chelles

par Etienne Bernard

Vue de l’exposition à Chelles

Déroutante que cette exposition personnelle du jeune prodige français Raphaël Zarka aux Eglises de Chelles. L’entrée dans cette nef, ou plutôt dans ces deux nefs que l’histoire a su réunir, impose de fait les références. Deux cônes sculpturaux sont jetés au sol. Toisés par la lévitation angélique, montée sur billboard, d’un skateur sur une sculpture de la Défense, ils semblent deux pauvres pèlerins effrayés par la sainteté des lieux. Leur apparente errance entropique souligne quant à elle la rigueur de l’installation de la troisième pièce. Parfaitement garée, une réplique de la draisine, véhicule précaire aujourd’hui perdu imaginé par l’ingénieur Bertin pour évoluer sur le rail de son aérotrain, trône, épiscopale, au centre du second transept. On apprend que les deux premières réfèrent notamment à une curiosité scientifique de la découverte d’un physicien du XVIIè siècle, par ailleurs Abbé, tandis que la dernière prolonge une recherche initiée de longue date sur le site du projet avorté de train sur coussins d’air. Mais à quelle sorte d’homélie l’heureux élu du Prix Ricard 2008 nous convie-t-il donc ici ? Doit-on y voir quelque entreprise nihiliste dans laquelle les recherches qu’on lui connaît viendrait perturber ce contexte si chargé ? Peut-être, toujours est-il que ce théologien de la planche à roulette, fervent archéologue de la mathématique et adepte de la forme documentaire, se découvre à Chelles metteur en scène d’une déconcertante communion de propositions profanes dont on a du mal à cerner les enjeux, fussent-ils malicieusement blasphématoires.


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