r e v i e w s

Christophe Bruno – Hacker Google / contre la gouvernementalité algorithmique

par Jean-Paul Fourmentraux

Google est un champion de la démocratie culturelle, mais sans culture et sans démocratie. Car il n’est un maître ni en culture (l’information n’est pas la paideia) ni en politique (la démocratie des clics n’est pas une démocratie1).

Cet article est un digest, en partie recomposé, tiré de : Fourmentraux Jean-Paul, antiDATA. La désobéissance numérique. Art et Hacktivisme technocritique, Dijon, Les Presses du réel, 2020.

Docteur en physique théorique, converti à l’art dans le courant des années 2000, l’artiste français Christophe Bruno a pensé son œuvre comme un véritable cheval de Troie contre l’hégémonie de Google. Il s’est engagé en 2001 dans une entreprise systématique de détournement critique et prospectif, souvent cocasse, des fonctionnalités et des usages du désormais célèbre et « incontournable » moteur de recherche. Incarnant le renouveau de la figure de l’artiste « hacker », ses œuvres nous entraînent dans une parodie joyeuse et cynique de nos économies langagières et visuelles engendrées par les plateformes numériques.

Épiphanies et Adwords Happenings

En 2001, l’artiste crée ses premières Épiphanies2 : des « pièces » de (post) Net Art qui prolongent sur le Web l’œuvre de James Joyce. Au début du XXe siècle, l’écrivain arpentait les rues de Dublin et notait dans son carnet, tout au long du parcours, des bribes de conversations échangées entre les différentes personnes qu’il pouvait croiser sur son chemin – conversations dont il proposa de considérer la valeur poétique. Au XXIe siècle, Christophe Bruno transpose cette dérive sensible et poétique dans l’univers d’Internet et de Google. À partir d’un mot-clé saisi par un internaute dans la barre de recherche du moteur, son générateur d’Épiphanies parasite l’algorithme de Google afin de collecter sur Internet des bribes de phrases, ré-agencées comme de petits poèmes aléatoires3.

Christophe Bruno, Épiphanies, 2001-2014

L’état d’esprit [de cette pièce] n’est pas de faire un générateur de texte […] mais c’est vraiment l’attitude de se positionner comme un parasite d’une structure globale qui est en train d’émerger – Google – et qui contient dans sa base de données l’ensemble de toutes les paroles de l’humanité […], readymade que mon programme vient pêcher, détourner4.

Radicalisant cette démarche, l’artiste crée en 2002 une performance de 24 h, Google Adwords Happening5, qui détourne et parodie la logique des adwords par laquelle Googleaccroît ses revenus liés à la publicité par l’association des liens commerciaux aux résultats de son moteur de recherche. Le premier adword loué par Christophe Bruno était le mot « symptom ». Lorsqu’un internaute connecté à Google saisissait ce mot dans la barre de son moteur de recherche, il tombait prioritairement sur le poème énigmatique suivant : « Words aren’t free anymore/bicornuate-bicervical uterus one-eyed hemi-vagina ». Piratant le système par lequel Google entra en bourse, Christophe Bruno créa de nouvelles Épiphanies, étranges et poétiques, qui parodiaient avec humour la logique strictement commerciale et utilitariste du langage instaurée par Google : les mots-clés (keywords) servant des annonces publicitaires (adwords) pour la fabrication de succès de connexions fortuits (les hits, ou les bons coups, comme au hit-parade).

Mais ce projet fut rapidement entravé par l’entreprise Google, pour cause de non-rentabilité commerciale, au prétexte que les mots renseignés n’avaient pas assez de prix, de valeur. Il ne s’agissait pas à proprement parler d’une censure, morale ou même éthique, car ce que révèle cette affaire est moins le manque d’intérêt de Google pour la valeur poétique de la démarche de l’artiste, que la sanction économique face à l’échec présumé de la démarche. Christophe Bruno y voit quant à lui le symptôme d’un nouveau capitalisme, sémantique, instauré par la firme Google qui s’approprie et transforme le langage en marchandise.

Christophe Bruno, Google Adwords Happening, 2002

En tant que loueur du service adwords, Christophe Bruno disposait lui-même de l’accès aux statistiques relatives à la performance et à l’efficacité de ses adwords. Pour « symptom », il avait par exemple obtenu seulement 16 clics d’internautes pour 5 517 vues du poème. Sa location chiffrait donc un faible taux d’efficacité : 0,3 %. Le prix de « symptom » étant de 0,05 $, l’artiste était donc prélevé de 0,80 $. Un score bien maigre si on s’amuse à le comparer au prix d’autres mots, dont la valeur Google témoigne à l’envi de la mécanique corruptrice des adwords : « sexe » 3 800 $ – on pouvait s’y attendre, « art » 410 $ peut paraître dérisoire, « Dieu » 10 $ se passe de commentaire, quand « free » 5 700 $ laisse pantois. Ironie statistique, qui fait du mot « free », que l’on peut doublement traduire en langue française par « libre » et « gratuit », le mot le plus cher du palmarès et dont l’usage rencontrait alors le plus fort coût à payer…

Attentive et grande amoureuse des mots et du langage, la philosophe et philologue Barbara Cassin a bien mis en lumière ce rapport par lequel, en régime Google, la qualité n’est rien d’autre qu’une propriété émergente de la quantité. On s’éloigne alors ici des vertus prétendument démocratiques de Google, incarnées par le célèbre et non moins impénétrable algorithme PageRank.

C’est l’importance dans l’opinion qui mesure l’importance dans l’opinion. Pour le dire en grec, on élève la doxa au carré, et, pour le dire en marxiste, on ne prête qu’aux riches (le capital crée le capital). L’originalité, l’atypie, le génie, le caractère singulier et intempestif de la vérité n’entrent pas dans le système tant qu’ils ne sont pas banalisés : il n’y a pas d’autre de la doxa6.

C’est bien sa relevancy qui fait la valeur d’un résultat de recherche sur le moteur Google, soit sa pertinence, au sens de son adaptation aux attentes des internautes, auxquels Google n’offre par conséquent que ce qui leur convient (ce qui est convenable pour eux).

Mais au-delà de cette stratégie centrée sur la seule rationalité économique, Google cache peut-être un autre calcul7, plus pernicieux encore, qui est de vouloir connaître, prescrire et maîtriser le plus précisément possible toutes les aspirations des internautes. Par la maîtrise du langage, ce sont aussi les désirs et intentions des internautes (customers customisés) que la firme souhaite atteindre : en témoigne le souci d’identification et de profilage qui préside à la stratégie du moteur de recherche. Une forme de violation de la vie intime ou privée des internautes, de leurs habitudes mentales, de la logique des choix qu’ils opèrent.

Human Browser

Christophe Bruno intitule « Human Browser8 »(le « navigateur humain »)une série de performances Wi-Fi. Un comédien, connecté à Google, interprète le « texte global », somme de toutes les paroles de l’humanité. L’interface technologique est alors remplacée par l’interface la plus ancienne que nous connaissions : l’être humain. Équipé d’un casque audio, ce navigateur humain (un comédien) est « asservi » par les réponses que fait Google, en temps réel, aux requêtes émises par l’artiste via une connexion Wi-Fi. Littéralement possédé par le logiciel, le navigateur humain reçoit d’une voix de synthèse un flux textuel (extrait du moteur de recherche et converties par une application de Text To Speech) qu’il restitue oralement et en quasi temps réel au public. Ce n’est plus alors seulement le contenu textuel circulant sur le Net qui est porteur de « valeurs », mais l’interprète lui-même qui le met en actes, mot pour mot, comme un (sous-)texte dicté et transmis via Google.

Christophe Bruno, Le Dadamètre, 2004-2017.

Le Dadamètre : contre la prédiction et la pensée unique

Le Dadamètre9 constitue en quelque sorte l’aboutissement de ces différents « Google hacks », entendus comme des dispositifs artistiques et des programmes informatiques qui détournent l’algorithme de Google de ses fonctions utilitaires tout en en révélant les dimensions contraignantes et cachées.

Découvrant dans une biographie de Marcel Duchamp la méthode d’écriture de l’écrivain Raymond Roussel, l’artiste Christophe Bruno ambitionne d’établir une correspondance avec l’ère numérique. Afin d’autogénérer ou de construire de façon mécanique sa production littéraire, le précurseur du mouvement Dada qu’était Raymond Roussel avait en effet mis en œuvre un procédé jouant sur l’homophonie (la ressemblance) ou l’équivoque du sens des mots. Christophe Bruno voit dans « ce projet de machine à produire des romans », dans cette mécanisation de la littérature avant l’heure, un écho de ce qui se passe aujourd’hui : notamment à travers le désir de Google de mécaniser la pensée et de composer une sorte de taylorisme invisible du discours à des fins non plus poétiques mais mercantiles et capitalistes.

Utilisant les technologies du Web 2.0, réseaux de neurones, théorie des graphes, linguistique quantitative, le Dadamètre permet de cartographier, et peut-être de prédire des tendances artistiques et les mutations sociales. L’algorithme conçu avec l’ingénieur informaticien Valeriu Lacatusu permet à Christophe Bruno de scanner les millions de pages de Google et d’en extraire et analyser le langage à partir de trois variables principales : l’homophonie, la proximité sémantique et l’équivoque. Le Dadamètre organise et dispose sur une carte différentes régions langagières qui offrent une double visualisation, sous la forme d’un graphe et d’une Dadamap, de l’étendue et de la nature du langage emmagasiné et traité par Google.

Christophe Bruno, Le Dadamètre, 2004-2017.

L’artiste s’inspire de cette cartographie pour réinterpréter les principaux mouvements médiatiques et les courants de l’histoire de l’art. Plusieurs zones de « déchéance de l’aura du langage » s’y dessinent : la zone Mainstream qui renvoie aux discours courants, aux buzzwords (mots à la mode) et à la pensée unique ; la zone de l’ennui, Boredom, est celle où la proximité sémantique des mots est maximale et où tout devient prédictible, on y trouve le bling-bling, les courants pop, Warhol, etc. ; la Wasteland, zone de friche marquée par une très faible proximité sémantique, est représentative des Epiphanies de Joyce, mais aussi du Hapax de Mallarmé, qui sont à la limite de la signification ; enfin, la zone de l’Utilitarisme, Utilitarianism, dans laquelle le sens des mots est très (trop) clairement défini dans l’objectif de neutraliser toute équivoque.

Sorte de « carte météo de la pensée globale », la Dadamap est traversée d’une multitude de flux et de courants qui orientent et déterminent les mouvements et la circulation de la pensée Google. La matière première du capitalisme sémantique serait extraite de la Friche (Wasteland), plus riche de nouveaux sens et de nouveaux termes, acheminés postérieurement dans la zone Mainstream, dans laquelle ils seront abondamment consommés, avant de devenir inévitablement ennuyeux, Boredom, et de glisser dans la zone de l’Utilitarisme avant d’être abandonnés à la zone de Friche où ils seront recyclés. Par conséquent, si les mots ou groupes de mots qui caractérisent la zone de Friche (Wasteland) sont ceux qui sont le moins recherchés sur Google, ils sont aussi les plus à même de renouveler le langage en favorisant une plus forte créativité. À l’inverse, la zone utilitaire est celle qui anesthésie le langage, en octroyant une signification et une seule à chaque mot, les privant d’ambiguïté et de polysémie. Visuellement, chaque couple de mot est représenté sur la carte (Dadamap) par un pixel dont la couleur est définie par les variables de l’homophonie (couleur rouge), de la proximité sémantique (vert) ou de l’équivoque (bleu). Les pixels organisent ainsi des climats changeants et évolutifs selon les perturbations du langage. Le projet donne à expérimenter les variations possibles pour chacun de ces coefficients langagiers, permettant à l’internaute d’expérimenter ces différentes zones de langage, en naviguant de l’une à l’autre. Les mots correspondants et leurs liens apparaissent, sans préexistence d’un dictionnaire quelconque, mais comme émanation ou pure émergence, en temps réel, de l’état du langage couvert par l’application Google.

Que nous dit ce projet de Google ?

Our mission is to organize all the information in the world (« Notre mission est d’organiser toute l’information dans le monde ») ; Don’t be evil (« Ne sois pas mauvais, méchant10 »).

Organiser et faire le bien ! Ces deux missions que s’est donné Google adoptent comme mode opérationnel de mettre de l’ordre dans le chaos. Mais de ce point de vue, la multinationale semble davantage symboliser et prolonger à sa manière le vecteur de l’impérialisme américain : du bien contre le mal. L’espoir ou la croyance démocratique trouvent alors définitivement leurs limites.

On est avec PageRank dans le domaine de la rhétorique de lieux communs (les uncontroversial topics de Wikipédia), pour le meilleur et pour le pire. Pour le meilleur : les idées admises, par le plus grand nombre et par les plus renommés constituent notre monde commun – on trouve la même pondération de la démocratie par l’aristocratie chez Aristote et dans PageRank. Pour le pire : quand le monde commun ne produit plus que des « clichés » et qu’on est insensiblement englués dans ce que Hannah Arendt nomme « la banalité du mal » – non pas tant que le mal soit banal, mais parce qu’il devient impossible de vivre et de dire autre chose que des banalités11.

Le fonctionnement de Google est en effet entièrement basé sur le plus grand nombre. C’est la doxa contre l’agôn, l’opinion commune et les allant-de-soi contre le procès du questionnement et le conflit des idées. C’est toujours l’avis de la majorité qui est recherché, au détriment de la controverse et de l’opposition, ou simplement de la diversité et de la pluralité des points de vue hétérogènes.

Notons particulièrement que Le Dadamètre ne s’attaque plus seulement ici aux seuls mots clés, transformés en adwords, mais prend pour cible cette fois les velléités de prédiction panoptique propres au Web sémantique développé par Google. Cette nouvelle œuvre de Christophe Bruno invite en effet à une double réflexion sur les phénomènes de réseau et de globalisation qui redéfinissent profondément nos relations au langage à l’heure du Web sémantique et de l’intelligence artificielle. Envisageant le Web comme un texte qui se ré-agence en permanence, le projet s’applique également à révéler les algorithmes invisibles de Google.

Il est tentant de faire resurgir ici le mythe de Big Brother : Google voit tout, ordonne tout, contrôle tout, ayant recourt au profilage pour optimiser son moteur-algorithme. Dans son roman d’anticipation 1984, Georges Orwell avait imaginé un environnement dystopique soumettant le peuple à un régime totalitaire. Le panoptique du Big Brother, capable de tout voir sans être vu, déployait trois méthodes principales de contrôle du peuple : la surveillance vidéo/audio, la suppression de la mémoire (par la falsification et la réécriture de l’histoire) et la destruction de la langue (simplification par épuration de son vocabulaire). La création d’une novlangue apparaissait même comme un des principaux instruments de cette stratégie visant la maîtrise parfaite de la conscience par une restriction des limites de la pensée des agents : « la “révolution” sera complète quand le langage sera parfait. »

C’est une belle chose, la destruction des mots. Naturellement, c’est dans les verbes et les adjectifs qu’il y a le plus de déchets, mais il y a des centaines de noms dont on peut aussi se débarrasser. Pas seulement les synonymes, il y a aussi les antonymes. Après tout, quelle raison d’exister y a-t-il pour un mot qui n’est que le contraire d’un autre ? Les mots portent en eux-mêmes leur contraire. Prenez « bon », par exemple. Si vous avez un mot comme « bon », quelle nécessité y a-t-il à avoir un mot comme « mauvais » ? « Inbon » fera tout aussi bien, mieux même, parce qu’il est l’opposé exact de « bon », ce que n’est pas l’autre mot. Et si l’on désire un mot plus fort que « bon », quel sens y a-t-il à avoir toute une chaîne de mots vagues et inutiles comme « excellent », « splendide » et tout le reste ? « Plusbon » englobe le sens de tous ces mots, et, si l’on veut un mot encore plus fort, il y a « double-plusbon ». Naturellement, nous employons déjà ces formes, mais dans la version définitive du novlangue, il n’y aura plus rien d’autre. En résumé, la notion complète du bon et du mauvais sera couverte par six mots seulement, en réalité un seul mot. Voyez-vous, Winston, l’originalité de cela ? Naturellement, ajouta-t-il après coup, l’idée vient de Big Brother12.

Relire la success-story de Google à partir d’Orwell et au travers des projets de Christophe Bruno peut s’avérer troublant. Inquiétant aussi. D’une part, tous les ordinateurs des internautes utilisant Google sont localisés et identifiés par leur adresse IP (Internet Protocol). D’autre part, toute recherche est personnalisée. Google conservant pour chaque internaute la trace de ses visites et de ses demandes précédentes, enregistrées par les cookies qui en gardent la mémoire. Enfin, de nombreuses applications et solutions informatiques, détenues par l’entreprise Alphabet (société mère de Google depuis 2015) ou articulées à Google, indexent et mémorisent des contenus externes au Web : Gdesktop indexe les disques durs, Gmail scanne et collecte les mails, etc.13. On se souvient par exemple qu’en 2006, Google avait capitulé face au régime chinois, en acceptant de réduire ses accès à un Internet local, une sorte d’Intranet politiquement correct. Obéissant ainsi à l’injonction d’un équivalent chinois du Patriot Act américain, Google garantissait que les tentatives de connexion à des adresses interdites ne généreraient même pas de message d’erreur.

Alternant le ton de la parodie et la prospective technologique, Christophe Bruno pousse dans ses derniers retranchements cette tentative de contrôle et de mécanisation de la production langagière, il se joue des potentialités de Google en éclairant simultanément les dangers de la surveillance généralisée et en continu du Web, qui dans sa version 2.0 représente un aboutissement des stratégies de contrôle dans le domaine de l’écrit. Car en effet, qu’est-ce d’autre qu’une sorte de sélection naturelle des mots et du langage mise en place et organisée par Google ? Cet ordonnancement a évidemment pour effet pervers, non pas de faire littéralement disparaître certains mots, mais de les reléguer à un statut et dans une zone d’invisibilité pour le moins problématiques… ce que montre bien, ironiquement, Le Dadamètre de Christophe Bruno. Car seuls les mots les plus rentables sont mis sur le devant de la scène par Google, quand ceux de plus faible valeur seront peu à peu délaissés et peut-être même oubliés. Cet appauvrissement du langage, effet retors du capitalisme sémantique instauré par Google, constitue le cœur des interrogations que permet la lecture des œuvres de l’artiste Christophe Bruno. Mais si certains aspects de ces œuvres confinent également à la dystopie, chez Christophe Bruno, le mode opératoire est aussi et surtout celui de la farce et de l’humour qui détrousse et parodie les ambitions sans bornes et les rêves de puissance illimitée du « dieu » Google. Ses projets se situant précisément à la limite de l’objectivité scientifique, de la performativité du langage et de la satire.


  1. Barbara Cassin, Google moi. La deuxième mission de l’Amérique, Paris, Albin Michel, 2007.
  2. Cf. Christophe Bruno, Épiphanies, www.iterature.com/epiphanies, (2001-2014).
  3. Le nom de marque Google, qui est aussi devenu un verbe, « googler », articule de riches jeux de mots : googol, google, go-ogle. A l’origine, le mot choisi est « Googol » (terme dérivant de la formule mathématique 1+100, ou 10100, symbolisant la puissance à venir du moteur de recherche), mais une autre occurrence du mot – googly – renvoie à l’œuvre de James Joyce (Finnegan’s Wake, 1939), qui pointe davantage la question du regard – to ogle – verbe ayant pour signification « regarder de tous ses yeux (ronds et étonnés), ou encore reluquer, lorgner, mais aussi jeter un regard amoureux ». Barbara Cassin (2007).
  4. Christophe Bruno, extrait d’une conférence publique à l’École nationale des arts décoratifs de Paris (Ensad) en 2007.
  5. Cf. Christophe Bruno, Google Adwords Happening, www.iterature.com/adwords (2002) – premier prix lors de l’édition 2003 du Festival Ars Electronica, à Linz en Autriche.
  6. Cf. Barbara Cassin, op.cit., p. 104.
  7. Cf. Ippolita, La Face cachée de Google, Paris, Manuels Payot, 2008. « Ippolita » est le pseudo d’un groupe informel italien composé de hackers et d’amateurs libertaires, qui se sont notamment attachés à dévoiler le système très intrusif de Google. Voir le site du groupe : http://ippolita.net.
  8. Cf. Christophe Bruno, Human Browser, www.iterature.com/human-browser, (2004-2017).
  9. Cf. Christophe Bruno, Le Dadamètre, www.iterature.com/dadameter, (2004-2017).
  10. Page d’accueil et d’information de Google Incorporated.
  11. Barbara Cassin, Google moi. La deuxième mission de l’Amérique, op. cit., pp. 104-105.
  12. Georges Orwell, 1984, première partie, chapitre 5, [1949], Paris, Folio poche, 2020.
  13. Barbara Cassin écrit : « Google louche par-dessus votre épaule quand vous écrivez un email […] Google, par robot interposé, voit tout, et vous fait les yeux doux en ne vous proposant que ce qui vous intéresse – c’est sa manière de flirter avec chacun de vous, en vous donnant l’impression d’être unique. » Barbara Cassin, Google moi. La deuxième mission de l’Amérique, op. cit., p. 78-79.

Image en une : Christophe Bruno, Human Browser, 2004-2017.

  • Publié dans le numéro : 97
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