Ovni sculptural pour ville générique
Eden Morfaux, Déconstruction, ESBANM, École Supérieure des Beaux-Arts de Nantes Métropole, du 19 octobre au 16 décembre
Dark City : dans ce film d’anticipation d’Alex Proyas, chaque nuit la ville se reconfigure, les quartiers se déplacent et les rues se reconnectent, de nouveaux édifices apparaissent aussi.
Nantes, place Dulcie September, octobre 2011 : dans un environnement architectural qui constitue en soi un mix improbable, un architectone a poussé là comme un champignon, « pluggé » sur la façade de l’école des beaux-arts. Signée Eden Morfaux, la sculpture surprend par son mode d’apparition, sa monumentalité et sa temporalité éphémère — une faille décrochante dans l’imaginaire urbain. Vigie aux accents sci-fi et à la blancheur virginale, elle porte en elle comme un manifeste les déclinaisons orthogonales dépouillées de Malevitch. Sa masse érectile oscille entre implacable géométrie et organicité diffuse, potentiellement colonisatrice ou intrusive, et révèle la façade de l’école en même temps qu’elle l’oblitère. Objet complexe donc : analytique, abstrait, autarcique et poreux à la fois, utopique, futuriste et… social, puisque son implantation perturbatrice est spontanément, quotidiennement apprivoisée par le public en toute simplicité pour des usages divers (se donner rendez-vous / en escalader les ressauts / s’affaler / prendre la pose pour une photo…). Des usages qui sans nul doute réjouissent Eden Morfaux, proche en esprit du néo-concrétisme brésilien, qui ne sépare jamais l’art de la vie.
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- Du même auteur : Camille Girard & Paul Brunet, Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Circonférences, Bruno Peinado, L’écho / Ce qui sépare, Cécile Bart et Etienne Bossut au musée de Nantes,
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